Bébé ne parle pas : quand faut-il s’inquiéter ? Développement du langage.
Le développement du langage, bien souvent, ne se produit pas lorsqu’ils épellent « maman » ou « papa » pour la première fois. Il ne commence pas non plus lorsque nous sommes en mesure de donner une interprétation plausible aux premiers sons. La capacité d’un enfant à écouter et à apprendre le langage commence bien plus tôt : dans le ventre de la mère.
Pour un bébé, parler est le résultat d’un processus d’apprentissage beaucoup plus long que ce que l’on peut penser. Il lui permet d’interagir avec le monde qui l’entoure et, avant cela, de le comprendre. Cette conquête évolutive est faite de différentes étapes.
Lorsque, vers l’âge de trois ans, les mots prononcés sont encore peu nombreux, les parents s’inquiètent souvent que leur enfant puisse avoir un trouble du langage. Mais quand peut-on vraiment parler de pathologie ?
Les stades du langage chez l’enfant
« Le voyage commence tôt. Depuis 20 ans, nous disposons de preuves indiquant que les enfants commencent à apprendre avant la naissance. Mais les étapes de ce parcours peuvent varier considérablement d’un enfant à l’autre. »
Explique Judit Gervain, professeur de psychologie du développement à l’université de Padoue.
En cas de grossesse
L’oreille, bien que non développée, commence à fonctionner vers la 24-28e semaine. Le bébé est capable d’entendre les bruits du ventre. Le bruit, par contre, n’est pas le même que la parole, car le liquide amniotique et les tissus le filtrent. Il existe une perception différente de la parole, un signal appelé « Prosodie » qui consiste à percevoir la rythmicité et l’intonation, la musicalité de la langue. Pas de mots, pas de sons définis. Cette écoute permet de se familiariser avec la voix de la mère au point de la reconnaître dès la naissance.
À la naissance
Là encore, les nouveau-nés sont capables de reconnaître leur langue maternelle, qu’ils préfèrent écouter, plutôt que d’autres langues. À la naissance, les bébés ont une grande capacité d’apprentissage de la parole, qui permet même aux enfants adoptés de se familiariser avec une nouvelle langue. Dès leur plus jeune âge, les enfants n’auront aucune difficulté à être bilingues.
Au cours de la première année de vie
Entre 6 et 12 mois environ, ils maîtrisent leur langue maternelle à un niveau perceptif.
Entre 6 et 9 mois, ils commencent à apprendre le sens des mots, à reconnaître les mots les plus fréquents.
Il en va de même pour la grammaire. À 8 ou 9 mois, les enfants reconnaissent les premières règles, comme l’ordre des mots dans une phrase.
En moyenne, entre 10 et 18 mois, le premier mot est produit, ou plutôt, quelque chose qui ressemble à un mot prend forme. Très souvent, il s’agit d’une syllabe. Puis de deux, de la première ou de la dernière partie d’un mot plus long. Dans l’esprit du nourrisson, le son unique peut déjà être une tentative de formuler une phrase. À ce stade, les enfants comprennent beaucoup plus qu’ils n’expriment.
Vers l’âge de 2 ans
Vers l’âge de 18 mois, l’explosion du vocabulaire a lieu. L’enfant se concentre sur le vocabulaire, il apprend un grand nombre de mots. Il commence à créer des phrases. Cette phase dure généralement jusqu’à l’âge de 3 ans.
A l’âge de 3 ans
Au cours de la troisième année, les enfants créent des phrases plus complexes. Ils utilisent le pluriel, les conjugaisons, la morphologie et les différentes formes.
L’enfant ne parle pas, quand s’inquiéter ?
Un véritable diagnostic du trouble du langage ne devrait pas être posé avant l’âge de trois ans […], précisément parce qu’il y a différents chemins vers l’acquisition du langage. À 12 ou 18 mois, par exemple, il est certainement trop tôt pour définir un éventuel problème.
Explique Judit Gervain.
Le diagnostic n’est généralement pas posé avant l’âge de trois ans.
Il est cependant toujours utile d’évaluer les signes d’alerte possibles
Un critère typique consiste à évaluer le nombre de mots produits à l’âge de 2 ans : il doit être de 50 mots au moins, voire plus. Ce paramètre n’est pas décisif mais pourrait être un signe.
Il est toujours nécessaire d’évaluer la production de mots, mais aussi la compréhension. Ceux qui comprennent bien ont moins de risques d’avoir des troubles du langage, que ceux qui ne produisent pas et ne comprennent pas.
Entre 2 et 3 ans, le développement du langage doit commencer à être compréhensible pour l’adulte.
Les retards, en revanche, peuvent être des indicateurs d’une comorbidité. Typiquement, dans l’autisme, il y a un retard de langage.
La dyslexie peut également se manifester par des signes précoces dès l’âge de 3-4 ans : dans ce cas, on peut vérifier s’il n’y a pas d’autres cas dans la famille. Il existe des tests qui peuvent être effectués à l’âge de 4 ans pour évaluer une prédisposition à la dyslexie : ils testent la conscience phonologique de l’enfant et sa capacité à associer les syllabes d’un mot et les sons.
Par ailleurs, une régression du langage peut aussi être le signe d’un moment difficile que l’enfant vit sur d’autres plans, notamment affectifs.
Activités à faire pour stimuler le langage
« Plus on leur parle, mieux c’est : la fréquence et l’apport sont des stimuli importants »[…] et l’interaction directe doit être privilégiée ».
Ajoute Judit Gervain
La télévision et les ordinateurs ne sont pas bons car il n’y a pas de retour d’informations pour l’enfant. Le développement du langage a une base biologique et se développe dans l’interaction sociale. Si l’orateur voit que son interlocuteur ne comprend pas, il utilise d’autres mots, tandis que s’il saisit les concepts, il fournit un renforcement positif.
Jeux, chansons ou lectures chaque soir
La forme du discours n’a pas d’importance mais il doit s’agir de quelque chose de facile pour lui, sans règles rigides.
Certains parents aiment les histoires, d’autres préfèrent les chansons. Ce qui doit se passer, c’est que les ressources linguistiques de l’enfant soient soutenues par les réponses de l’adulte.
Quand consulter un spécialiste ?
La première personne à contacter est le pédiatre […] car il connaît l’enfant, il a l’expérience de ce qui est typique ou non pour ce groupe d’âge particulier, et si nécessaire, il orientera la famille vers un orthophoniste ou un autre professionnel.
Commente le psychologue du développement.
Les éducateurs, les enseignants ou d’autres adultes constituent également un excellent point de référence pour comparer ses propres craintes, en tant que parents, avec d’autres personnes qui connaissent notre enfant et l’ont observé au fil du temps.
Le facteur temps est en effet décisif pour déterminer si une intervention est nécessaire, car une visite effectuée un jour donné peut être peu fiable.
Les diagnostics de troubles de la parole s’étalent sur de longues périodes de temps, précisément parce que des progrès ou des changements peuvent se produire. Sans préjudice du fait qu’il ne faut pas tirer de conclusions hâtives, et que chaque enfant a son propre temps pour apprendre à parler.
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